DEPART MARTINIQUE DU 23 AU 28 FEV

04/03/2011 19:21

Ce jeudi est une journée « sans ». Il y des jours comme ça !!!! Même ici, on n’y échappe pas.

Hier, notre « As du volant », enfin de l’annexe, a voulu prendre un raccourci dans la baie du marin au milieu des cayes (grosse concentration de corail à quelques centimètres de la surface). Ça fait pourtant plusieurs jours qu’il passe par là sans problème, même si c’est déconseillé, sauf qu’au aujourd’hui on est 6 dans l’annexe. Vous avez deviné la suite …. L’hélice a touché !!! Ne me demandez pas les termes techniques mais elle ne marchait plus qu’au ralenti. Comme il s’y connait en mécanique, Cédric trouve rapidement la solution pour réparer mais il faut se rendre à Fort de France.

Donc ce matin, notre capitaine s’est levé à 5h du mat car il a trouvé un copain pour l’amener à FDF. En attendant son retour, les enfants ont un peu chahuté sur le bateau et là grosse boulette, Max a fait tomber une manivelle de winch à l’eau. 7 mètres de profondeur, une eau opaque dans un port « déguelasse », bref impossible de plonger. Je vois mes 2 « goldgots » (pour ceux qui connaissent Goldorak) arriver la queue entre les jambes : «Maman, ça vaut cher une manivelle de winch ? ».

Comment allons-nous présenter la chose au capitaine. Tom trouva rapidement la solution : « tu lui écris un mot en t’appliquant et en expliquant que tu es désolé et surtout tu ne fais pas de faute, ensuite tu joues un morceau de batterie qu’il aime quand il arrive et enfin tu te mets le doigt dans l’œil pour commencer à pleurer avant qu’il t’engueule ».

Soudain, Cédric revient avec l’annexe, pas dans un bruit de moteur assourdissant, mais tout penaud, à la rame. Et oui, Bad day oblige (il faut suivre), au moment de réemboiter le silent bloc dans l’hélice, elle s’est fendue sous la pression  -> hélice morte ->aucune hélice en stock en Martinique ->grève des dockers -> … . Nous réalisons un peu amèrement à quel point : c’était bien avant !  quand l’annexe nous permettait en quelques secondes d’aller à terre, voir des copains, ou récupérer le canoë que « le chat » ( Tom en l’occurrence pour cette fois) avait mal attaché au bateau.

Bref l’arrivée à la rame n’annonçait rien de bond, cela voulait dire qu’il était déjà de mauvaise humeur et que la situation allait être encore plus difficile à jouer pour Max.

Tout a marché comme prévu, le plan de Tom s’est déroulé à merveille, c’est même Cédric qui a fait la bise à Max pour le consoler. Par contre, je suis stupéfaite du niveau de manipulation de Tom, « mon fils » que je croyais parfait …..

 

Nous avons heureusement réussi à trouver une hélice en stock, mais en Guadeloupe, donc à un peu moins de 24H de navigation. Ce n’était pas trop au programme, mais on ne va pas laisser passer l’occasion, en espérant que l’ « épisode » hélice va nous laisser enfin tranquille.

 

Vendredi, déjà une semaine que nous sommes en stand by et nous commençons tous à en avoir marre de tourner en rond mais d’un autre côté on a du mal à se motiver pour repartir. Nous avons malgré tout fait pas mal de choses, guéri Max d’abord, passé du temps avec les « bato copains », avitaillé en gâteaux, pates et autres et surtout nous avons repris les cours à fond. Les programmes de maths et de sciences en général sont bouclés, ils commencent les révisions. Tiens, c’est bizarre, comme par hasard ceux sont les matières données par Cédric …. Et oui même pour ça, il faut qu’il soit à fond, heureusement que les garçons comprennent vite !

Bref, en ce vendredi nous prenons une grande décision : « cette après midi, nous levons l’ancre ».

Pas moins de 30 nœuds au mouillage de St Anne, mais ça ne fait pas peur à notre capitaine. On hisse la grand voile, on n’est pas trop de 3 pour la manœuvre plus Max à l’avant pour pister les « casiers de pêcheurs ». Nous prenons 2 ris et nous voilà partis pour 2h de navigation jusqu’à Grande Anse. Ce n’est pas très loin vous me direz mais c’est déjà ça. Nous tenterons peut-être Fort de France demain … si nous nous en sentons encore le courage.

Grande Anse est l’endroit où nous avions vu des tortues fin décembre avec Galiléa (c’est aussi l’épisode de l’annexe !). C’est une occasion qu’on ne peut pas manquer pour laisser Max se baigner. C’est un grand jour pour lui, il peut enfin retrouver le chemin de l’eau, il est aux anges, saute partout en criant « je peux me baigner, je peux me baigner ! » Il reste encore  un petit point sur la plaie mais ça fait plus de 15 jours et il est comme un lion en cage. 

Nous venons donc de quitter nos copains de Loma après une soirée apéro sur Tépacap avec Lunéo dont nous venons de faire la connaissance. Nous avons échangé nos idées de prochaines escales et tout le monde commence à évoquer la transat retour, y compris nous car nos futurs éventuels hypothétiques acquéreurs nous ont fait faux bon pour des raisons de « grands changements professionnels ».  Quand à moi, j’ai à priori trouvé une copine pour faire le retour en avion avec les enfants pour rejoindre nos hommes aux Açores.

Nous sommes tous convaincus de faire les îles Turcs & Caicos, en ce qui nous concerne ça ne fait que dix ans qu’on fantasme dessus ... Par contre pour les Bahamas, ils ont l’air tous d’accord mais nous, nous sommes moins enthousiastes. On verra plus tard.

 

Bon, pour la fin du voyage, le programme est à peu prés fait, on doit être  début mai au plus tard aux Turcs & Caicos pour se lancer dans la transat retour vers le 20 mai mais avant on fait quoi et dans quel ordre ? On abandonne définitivement le Venezuela car nos copains partis en éclaireur ne nous ont toujours pas donné de nouvelles. On fait aussi une croix sur Cuba car on vient d’apprendre qu’il est quasiment impossible de dormir au mouillage, il faut tous les soirs être dans un port, à moins de jouer à cache-cache avec les autorités. Bref, autant faire le tour de l’île en voiture. On a décidé que ça ferait l’objet d’un prochain voyage.

Nous allons remonter par la Dominique, un peu de Guadeloupe, Antigua, Barbuda, Les Iles vierges britanniques, Anguilla, du grand classique quoi. Il reste encore la question de la République Dominicaine que nous n’avons toujours pas tranché.

 

La navigation jusqu’à Grande Anse s’est faite avec 30 Kts mais la houle était dans le bon sens donc pas de problème. Par contre ça n’a pas été la même histoire au mouillage, nous avons essuyé des rafales à plus de 38 kts. Je ne vous fais pas un dessin … je n’ai pas dormi de la nuit … pour rien encore une fois puisqu’il ne s’est rien passé ; l’ancre n’a pas bougé d’un pouce.

 

Dans la matinée nous avons eu la surprise de voir arriver Delphis, tout beau, tout neuf avec son nouvel anti-fouling qui était au carénage à St Lucie. Même s’ils n’étaient pas très frais de leur navigation dans le canal à 30 Kts établis avec une houle de face de 3 mètres, nous avons été invités pour manger un délicieux poulet à la cocote. Nous, comme d’hab, on a amené ce qu’on sait faire de mieux …. des pates !!! C’était tellement copieux que nous avons tenu sans manger jusqu’au lendemain midi (vous comprendrez plus tard pourquoi). Merci Maryse ! C’est la même qui fait le punch préféré de Cédric.

Après une petite concertation sur le planning des jours à venir, nous décidons de nous retrouver en Dominique mercredi prochain ce qui du coup, nous laisse le temps de faire un aller-retour éclair en Guadeloupe pour aller chercher l’hélice.

Par contre, vous avez tous noté plus haut la force du vent et la hauteur des vagues !!!! Nous nous y sommes mis à trois avec les enfants pour le dissuader de partir mais il lui en faut plus.

Il y a pire encore, il tient absolument à faire la navigation de nuit pour tout faire d’une seule traite et arriver demain après midi. Nous avons quand même attendu la fin du match de rugby avant de partir. Ça fait bizarre de regarder un match du tournoi des 6 nations au soleil. D’habitude c’est devant un feu de cheminé avec des crêpes et du cidre …

Nous levons l’ancre à 20H dans la nuit noire, sans lune, toujours avec 30Kts et 2 ris. Je n’ai pas besoin de vous dire que j’avais la boule au ventre surtout lorsque qu’à 2OH3O, le bulletin météo sur la VHF annonce des vagues jusqu’à 4,5 mètres dans les canaux de la Dominique avec des rafales à 40 Kts.

Chacun reprend sa place, Tom dans son lit quelques minutes seulement après être parti « vous n’avez pas besoin de moi … je vais me coucher ! », Max et moi couchés dans le cockpit et le capitaine à la barre. Ça souffle fort, très fort et ça secoue beaucoup. Ça me rappelle de mauvais souvenir mais cette fois-ci, je gère beaucoup mieux ma peur.

Pour la première fois, la « papa-mobile » n’a pas été totalement étanche et même à l’abri du bimini rigide et des bâches pourtant fermées, nous avons essuyé quelques gouttes. Nous réalisons vraiment à quel point notre bateau est confortable, nous n’avons jamais sorti nos vestes de quarts car nous sommes toujours protégés par les bâches, on ne peut pas en dire autant de nos copains qui sont souvent trempés. Je sais que les vrais marins pensent que cela fait parti des joies de la navigation ….

Malgré les 2 ris et un string à la place du génois, nous filons à presque 9 Kts, c’est vraiment impressionnant ; les vagues s’écrasent sur le roof. Notre Tépacap s’est transformé en sous-marin, il est vraiment trop fort  !

C’est quand qu’on arrive ???? Bientôt … plus que 12H !!! C’est toujours dans ces moments là que le temps ne passe pas vite.

Profitant d’un moment d’accalmi, 25 Kts au lieu de 35, le capitaine me demande de prendre la barre pour qu’il puisse se reposer un peu. Je prends donc mon quart, enfin plutôt mon quart d’heure car le vent est reparti de plus belle. Vu du poste de pilotage, c’est encore plus impressionnant, on s’engouffre littéralement dans les vagues. C’est pour vous dire la totale maîtrise, je n’ai même pas « appelé » ma mère.

L’alarme vent que nous avions réglé sur 38 Kts, sonne régulièrement et c’est comme ça jusqu’à ce que nous attenions le large des côtes de la Dominique. A peine le temps de souffler et de se reposer un peu qu’un autre speed nous attendait et celui là, il n’est vraiment pas drôle.

Tout à coup, je vois que Cédric s’agite, oui car même si je ne suis pas de quart, je ne dors pas et passe mon temps à surveiller qu’il ne tombe pas à l’eau. Dans la nuit noire, nous distinguions à peine un petit bateau sans savoir si nos routes allaient se croiser, l’éclairage des feux n’était pas clair et nous avions l’impression que nous allions nous percuter. En fait, on l’a doublé, lorsqu’au même moment un gros bateau cette fois, du style d’un porte conteneur nous faisait face. Nous sommes à la voile et en principe prioritaire mais face à un gros, il faut mieux se pousser car effectivement ils sont aussi difficilement manœuvrable.

Sauf que là ce n’était pas trop possible car nous étions en train de doubler l’autre sans trop de notion de distance, on avait donc du mal à serrer de son côté et compte tenu du vent et des montagnes d’eau que nous avions nous ne pouvions pas non plus faire ce que l’on voulait instantanément de l’autre. Je propose d’allumer le projecteur de pont pour être sûr qu’il nous voit mais il maintenait toujours son cap. On était persuadé qu’on allait se percuter. C’est alors que je prends la radio et tente de rentrer en communication. Sur le radar on avait son nom : « Suzanne Geneviève » ou un truc comme ça.

- Suzanne Geneviève,  Suzanne Geneviève, this is catamaran Tépacap, do you copy, over ? »

 - Yes, Tépacap (dit il d’un ton très calme alors que moi j’étais en transe dans le carré et que je voyais ses gros feux verts et rouges qui se dirigeaient droit sur nous)

- have you seen us, over ?

- yes, yes we do

- so, what are you doing ???  We are 2 ships beside and we cannot change our cap, over

- no problem Tépacap, starboard, starboard (ça veut dire; tribord, tribord)

Mais si, il y a un problème, tu ne bouges toujours pas, gros ….

Bon là, je commence vraiment à m’énerver surtout que Cédric continue de crier « il nous fonce dessus … c’est trop tard ».  J’étais en train de penser à aller réveiller les enfants pour qu’on mette tous nos gilets en attendant le choc quand enfin, il se décide à bouger, et effectivement on allait se passer à tribord.

Ouf, je n’ai pas vu la couleur de la chemise du capitaine mais presque. En fait, il avait un problème de feux c’est pour ça qu’on a vu qu’au dernier moment qu’on était face à face et lui qui n’avait pas compris qu’on était 2 bateaux côte à côte.

Après tant d’émotions, pas possible de dormir mais je n’étais pas non plus capable de tenir la barre, ça secouait trop. La nuit fut longue, très longue et nous n’avons dormis que quelques minutes par ci par là !

Au levé du jour, la situation devenait plus simple et la houle commençait à s’atténuer. Les enfants se sont réveillés après 12 heures sommeil et n’ont rien entendu de la nuit. Par contre après quelques minutes, ils ont commencé à se sentir mal, Tom a enfin étrenné le nouveau seau bleu !

A 11 H nous sommes arrivés en Guadeloupe, nous mouillons dans la Darse, en plein centre ville de Point à Pitre !!!

Dés le lundi matin 8h Cédric  était devant le magasin et à 10h30 notre nouvelle hélice était montée.  C’est beau de retrouver une certaine liberté de mouvement, même si on en a quand même beaucoup. Les enfants étaient ravis, ils vont enfin pouvoir remettre « plein gaz » et surtout réutiliser leur jouet préféré : la bouée !!

Pour nous remettre de nos émotions et pour refaire une beauté à Tépacap qui n’est plus qu’une croute de sel, nous passons une nuit à la marina de Point à Pitre.  On en profite pour charger les batteries à fond et pour faire le plein d’eau. Cette marina à l’inverse de toutes celles rencontrées depuis les Canaries, à la particularité de ne pas faire payer l’eau. Nous avons lu pas mal de critiques négatives sur cette marina mais nous n’avons pas eu à nous en plaindre. Le personnel est très accueillant et les tarifs du même ordre que le Marin en Martinique.

En attendant notre RDV de mercredi en Dominique, nous décidons d’aller passer la nuit aux Saintes car c’est sur la route.

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