Extrait résumé Transat sur clé USB

24/12/2010 15:40

Départ Mindelo mardi 7 Décembre  15H15

 

Ça y est, c'est parti pour … les paris sont ouverts à bord : 16 j pour Tom, 17 j Cédric, 18 j Max et 15 j pour moi (même si psychologiquement je suis partie pour 20 j).

 

Comme d'habitude le départ s'est fait sur les chapeaux de roues, alors qu'il était initialement prévu qu'on ne parte que mercredi, subitement le capitaine a décidé de partir aujourd'hui …On s'habitue à force !!!

 

Et devinez quoi, vous n'aurez même pas de photos du comité de départ sur le ponton, parce que l'appareil n'avait plus de batterie mais c'est pas grave !!! Ce n'est pas un moment unique dans une vie que de se lancer dans une transat ...Donc pas de souvenir de ce moment emprunt pourtant d'une  importante charge d'émotion. J'espère que je ne vais pas être déshéritée ! Mes parents adorent les photos ….........

 

Delphis est parti quelques heures avant nous pour à priori la même destination, la Barbade. Galiléa quant à eux ne partiront que mercredi matin mais comme leur bateau est une vrai fusée nous devrions les voir dans le rétro rapidement.

 

Nous n'avons pas non plus pris de photos de Mindelo alors que c'est une ville assez pittoresque avec une ambiance très musical. Des magasins ont des hauts-parleurs qui donnent dans la rue et ils diffusent de la musique en permanence.

 

C'est vraiment une escale à faire, on a longuement hésité entre un départ direct des Canaries et le passage vers le Cap vert mais nous avons fait le bon choix. Cela nous a aussi permis d'approfondir nos relations avec certains Batocopains.

 

Mais hélas au lieu de profiter à fond de ces derniers moments dans  cet archipel, nos préoccupations étaient ailleurs : l'avitaillement. Faut  dire qu'avec  nos Zozos qui n'aiment rien ce n'est pas facile mais je reconnais qu'ils ont un lourd patrimoine génétique.

Nous avons fait à peu prés une quinzaine de mini mercado, un pour les biscottes, un autre pour le jambon, encore un pour les gâteaux, les fruits et les légumes sur le marché en pensant aux différentes maturité pour les 15 jours ... On vous dira plus tard si on avait vu juste sur les quantités.

 

Nos sentiments sont mélangés à bord. Comme d'habitude vous avez 2 clans, ceux qui ne montrent rien et ceux qui manifestent leurs émotions. Je suis sûre que vous avez identifié les 2 camps.

 

Nous avons pris notre dernier repas ce midi dans la petite cour de l'Alliance française et c'était bien bon : poulet yassa (citron) + crêpe à la banane chaude. On aurait dit le dernier repas du condamné.

Ce week end, nous avons aussi fait un repas de fête, nous avons ouvert notre premier confit de porc (Merci Belle-maman) avec des pommes de terres sautées. Vous ne pouvez pas imaginer comme ça fait du bien de manger un peu de gras.

 

Bref, tout est prêt, les derniers mails ont été envoyés, le blog mis à jour, le frigo et les cales sont pleines, c'est parti …...

 

 

J+1

 

RAS, pas beaucoup de vent et on s'amarine tranquillement. Max nous a fait un petit coup de calcaire d'un heure mais après un petit vomis dans le célèbre seau bleu de tonton Sam, tout est rentré dans l'ordre.

 

J 2 à J 4

 

Phase de repli sur soi même voir de léthargie totale. Mais qu'est-ce qu'on fout là...... Nous sommes dans une véritable machine à laver depuis 3 jours et je n'en peu plus. Si je vous dis que les vagues sont énormes, vous n'allez pas me croire et puis de toutes les façons une hauteur ne représente rien, seul l'appréhension que vous en avez compte. Mais enfin,  4 à 6 mètres (4 pour Cédric et 6 pour moi) avec une mer croisée, c'est assez pour impressionner les novices que nous sommes.

Je viens de finir le livre de Kersauson « Ocean's Songs » que je vous conseille, cela me permet de relativiser. Ils sont vraiment fous ces marins par contre ils ont toute mon admiration.

 

Bref, c'est le bordel à bord, il y a des couettes et des duvets partout, en fait chacun dort où il peut, comme il peut et surtout quand il peut. Pas de cours depuis 4 jours, la maîtresse n'est plus étanche et le capitaine à force d'assurer sur tous les fronts est un peu épuisé. Les garçons ne s'en plaignent pas. Faut dire que les petits chéris font leur nuit même s'ils nous aident dans les quarts une heure le soir et une heure le matin.

 

J'avais oublié de vous dire que depuis notre traversée épique de Lanzarote à Ténérife, nous avions en plus grillé le winch électrique, nous faisons donc depuis toutes les manœuvres à la main … enfin, surtout Cédric.

C'est vrai que c'est du luxe mais c'est quand même bien pratique dans certaines manœuvres un peu tendues où il faut aller vite. Mais on s'était habitué à faire sans et surtout ça fait participer les autres membres de l'équipage à la manœuvre.

 

 

J 5

 

Nous atteignons les sommets de l'inconfort, les vagues tapent sur la coque, les bruits sont assourdissants. Je jette l'éponge et supplie le capitaine de faire quelque chose. Heureusement que Max est là pour m'apporter un peu de réconfort et de compassion : « Maman, dis toi que tu es en sécurité tant que tu es dans le bateau, tu pourras avoir peur quand on sera dans l'eau ». 

Les manœuvres se multiplient, lorsque que tout à coup le capitaine cède à mes « hurlements » incessants et décide de tout affaler. Je ne lui en demandais pas temps, je voulais simplement qu'il réduise l'allure. Mais je n'étais pas mécontente et le résultat fut spectaculaire, fini les bruits violents des vagues sur la coque !!!

Par contre, l'ambiance à bord en a pris un coup … plus un mot !!! Bilan de l'opération, on est passé de 9 Kts* à 5. Bon, je sais, ça ne veut rien dire pour vous terriens mais pour moi ça a été un énorme soulagement.

L'inconvénient de la chose c'est que nous avons perdu pratiquement une journée de navigation mais ce n’est pas grave, on n'était pas parti pour battre des records.

 

 

·*Kts est l'abréviation de Nœud qui est l'unité de vitesse. Le nœud est au bateau ce que le kilomètre-heure est à la voiture. Il désigne le nombre de milles parcouru en une heure. Il est également utilisé pour la vitesse du vent et du courant.

·* Et le mille nautique, c'est quoi, vous allez me dire ? C'est équivalent à 1852 mètres. A ne pas confondre avec le mile anglo-saxon qui fait lui 1609 mètres.

· 

Dicton du jour : « quand mer forte, mère agitée; quand mer très forte, mère très agitée; et pour finir, quand mer grosse, mère hystérique».

 

 

J 6

 

Le calme est revenu (sur l'eau et dans le bateau !), il fait grand beau, les oiseaux chantent (si, si on en voit quelques un), le vent se stabilise à 20 Kts et surtout la mer a décidé de se calmer (plus que 2 mètres),  la mère aussi du coup !

 

Au levé du soleil, à la fin du quart de Tom, nous étions tous les deux couchés dans le cockpit, lorsque tout à coup un objet non identifié vient s'écraser sur la bâche : « boum ». Tom me crie :  « maman, une météorite !! » Allez, rien que ça. Mon côté rationnel me fait exclure d'entrée cette hypothèse.

En fait, nous étions attaqués par un exocet … mais non, pas le missile ... le poisson volant. Par contre, il est mort, il ne fallait pas compter sur moi pour l'attraper et le remettre à l'eau.

 

Nous reprenons enfin nos activités normales et nous ne passons plus nos journées à dormir. Les cours ont repris de plus belle pour rattraper le retard de ces derniers jours.

Les négociations sont dures, ils ne veulent rien savoir : « quand la maîtresse est malade en France, on ne rattrape pas les cours ». Mais comme c'est nous qui commandons, tout est rentré rapidement dans l'ordre.

Par contre, les nuits sont longues, très longues. Il faut être vigilant en permanence, non pas en raison du risque de collision parce que pour ça le radar aide bien, mais surtout pour le maintien de l'allure du bateau. Sans vouloir rentrer dans les détails pour les novices, mais compte tenu du sens du vent et de notre direction il faut garder en permanence un angle à 150° du vent, sinon il y a risque d'empannage et c'est très grave. Ne m'en demandez pas plus, c'est le capitaine qui l'a dit.

 

 

J 7

 

Nous avons parcouru la moitié du chemin ...en distance en tout cas !! Cela se fête par un apéro : coca, cacahuètes, bretzel et un petit pot de « lou Gascoun ».

 

Par contre nous avons une triste nouvelle à vous annoncer :

- Sam, il faut que tu sois fort !!

Le seau bleu nous a quitté. N'en pouvant plus des vagues, il s'est jeté à l'eau mais sa dernière pensé a été pour toi.

 

Aujourd'hui, c'est journée bricolage à bord. Le groupe electrogène semble avoir rendu l'âme mais Mc Gyver n'a pas dit son dernier mot. Accompagné de ses deux fidèles équipiers (et oui, ça fait 3 Barrière à bord), ils ont complètement désossé la bête.

Cela leur a pris la journée et vers 17h le verdict final est tombé : ça marche mais pour combien temps ….

Pendant ce temps là, j'ai barré le bateau toute la journée pour économiser de l'énergie car comme vous avez tous suivi l'exposé de Tom, le pilote automatique est l'un des gros consommateur et si le groupe électrogène est vraiment en panne, on va avoir un problème pour finir la journée et surtout passer la nuit.

J'espère que ceux qui suivent se disent qu'il y a toujours le moteur pour recharger les batteries, oui mais faut-il que notre capitaine change de philosophie et ça ce n’est pas gagner.

 

Mes enfants m'impressionnent par leur patience, surtout Max. Depuis 2 jours, il ne fait que lire, tout seul en autonomie, de temps en temps il demande la définition d'un mot, si non il prend son dictionnaire et cherche tout seul. Tom est plus impatient, le monde à l'envers.

 

En ce qui concerne, leur DS, c'est aussi surprenant. C'était un combat permanent à terre ou en petite navigation, il leur fallait un « droit à la DS ». Depuis qu'on est parti, alors que pour une fois il n'y a pas grand chose d'autre à faire et bien non, ils n'y touchent plus.

Après les cours, ils passent leur après midi à lire, faire des sudokus, des mots fléchés, des origamis ...

 

Nous commençons à souffrir de l'isolement et le capitaine s'inquiète de ne croiser aucun bateaux mis  part 2 gros cargos que nous avons vu au loin la nuit. Cela lui paraît impossible de ne voir personne à moins que nous ayons choisi une route improbable … Alors, deux fois par jour il émet une annonce à a radio :

-« Appel à tous, appel à tous, appel à tous …. De Tépacap, Tépacap, Tépacap pour une conversation en français …............ »

Et là, rien, jamais de réponse, même pas une anglais !

Lorsque tout à coup il craque : «  et pour la valise RTL, ça intéresse quelqu'un ? » Et là, une réponse …..... Mais non, c'est une blague.

Toujours est-il que cela l'angoisse de ne croiser personne.

 

 

J 8

 

Aujourd'hui, c'est jour de grève. La maîtresse n'a pas envi de faire cours, elle a envi de lire un livre. Et oui, ça arrive. Est-ce que vous avez déjà lu un Harlan Coben ? Si oui, vous comprendrez qu'on n'a pas envi de s'arrêter, j'ai donc lu toute la journée pour enfin découvrir l'issue ….....

 

Tom avait prévu depuis le début de cette aventure de jeter une bouteille à la mer avec un message, il a décidé que c'était le bon moment. Il a rédigé son texte en anglais, tout seul (à voir dans son onglet).

 

Ce soir, lors de notre partie quotidienne de belote, Cédric se met à crier : « un bateau, un bateau droit devant », avec le sourire jusqu'aux oreilles. On a d'abord cru à une blague mais non, juste dans notre ligne de mire une voile. Il a donc refait son appel et a obtenu une réponse. On était tous comme des gosses. Vous ne pouvez pas imaginer quel plaisir ça fait de rencontrer un bateau.

Tout d'un coup notre sentiment voire même notre angoisse d'isolement s'efface. Il s'agit d'un équipage suisse parti des Canaries depuis le 27 Novembre. Vous imaginez ? Depuis le 27 Novembre !!! Ils font parti de l'ARC, sorte de rallye organisé pour faire la transat en « troupeau », ils sont à peu prés 200 équipages à partir au même moment.

Mariposa est à priori le dernier bateau encore en course. Ils ont eu quelques problèmes techniques mais disent qu'ils ne sont pas pressés, que maintenant ce bateau est leur maison et qu'ils prennent donc leur temps. Encore des retraités !! Mais eux, au moins, ils n'engorgent pas les caisses de Leroy Merlin le samedi après midi.

 

Cédric dans sa grande magnitude leur a demandés s'ils manquaient de quelque chose. On aurait été bien embêtés s'ils avaient répondu oui. On aurait fait comment en pleine nuit avec des vagues de 3 mètres …

Nous avons échangé quelques formules de courtoisies et nous nous sommes promis de boire un coup ensemble à Sainte Lucie qui est leur destination finale. Par contre, nous étions désolés de les doubler, pour ne pas dire les déposer sur place, on espère qu'on n'a pas trop atteint leur moral mais bon on n’est pas là pour faire du sentiment.

 

 

J 9 à 12

 

Les jours passent et on commence à trépigner d'arriver (surtout moi). Ce n’est pas tant le fait d'en avoir marre mais plutôt de voir le compte à rebours sur les instruments de navigations.  Mais on a du mal à faire route directe, on n'arrête pas de faire des virements de bord et la mer ne  nous aide pas, la forte houle nous freine à chaque vague.

On commence à s'impatienter et à se poser des questions sur notre destination finale. Si on allait à St Lucie ou même à la Martinique, ça serait plus simple. Mais on est sensé rejoindre  Delphis à la Barbade pour fêter Noël avec eux et les enfants y comptent. Par contre, ce n'est pas dit que Delphis fasse la même chose, s'ils galèrent autant que  nous, ils changeront peut-être de destination. J'espère que les enfants ne seront pas dessus.

 

Aujourd'hui nous avons décoré le bateau avec les guirlandes de Noël que j'avais pris soin d'acheter avant de partir, ça donne un petit air de fête. On s'était tous imaginé passer noël   en mer du coup les enfants sont déçus et suggèrent qu'on fasse noël demain avant d'arriver.

 

Concernant nos activités nocturnes, nous avons élargi notre éventail avec le Pictionary et lorsqu'on connait mes talents de dessinatrice, je vous laisse imaginer les parties de rigolade.

 

 

J 13

 

Notre avant dernière nuit a été aussi agitée que les précédentes. Je ne sais pas comment on se débrouille, mal c'est sûr, mais on fait beaucoup de manœuvres la nuit. On ne compte plus les virements de bords, affaler la grande la voile, prendre des ris, la rehisser, enrouler le génaker, l'affaler parce qu'on a fait un poche … Et tout ça à moitié réveillé bien sûr. Je crois que c'est encore plus impressionnant la nuit que le jour. Le pire, c'est lorsqu'il faut se mettre face au vent donc souvent face aux vagues pour faire une manœuvre et là tout à coup vous vous retrouvez face à un mur d'eau …....... greuuuuuuuuuuuuuuuuh.

 

Je ne vous ai pas encore parlé de mes progrès en navigation … A écouter le capitaine, je suis nulle, enfin ce n'est pas tout à fait le qualificatif qu'il emploie. D'après lui,  heureusement que la balise ne marche pas si non vous auriez vu nos ronds dans l'eau quand je tentais vainement de mettre ce p..... de bateau face au vent en pleine nuit avec des vagues énormes qui ne demandaient qu'à m'engloutir. J'aurais voulu vous y voir !!

 

Je vous rassure Tom est dans le même cas que moi, il n'est pas plus doué et se fait autant engueulé. Je ne sais pas pourquoi mais la nuit on perd nos repères et c'est le binz.  Évidemment, il nous hurle dessus, si vous connaissez un mot plus fort vous pouvez le remplacer, et on perd encore plus nos moyens … Il n'a pas pris (enfin pas encore) un coup de manivelle de winch derrière la tête mais c'est pas l'envie qui m'en a manquée.

 

 Aujourd’hui, formation accélérée de reggae à bord. U2 laisse enfin la place à Bob !!

 

Pour rester objective, je ferai quand même quelques compliments au capitaine qui en plus de son CAP de coiffeur, vient de réussir celui de boulanger. Le pain de ce matin était excellent, dommage qu'on arrive demain !

Côté nourriture on a plutôt bien mangé sauf les 3 premiers jours où on s'est laissé dépérir. Par contre côté stock, on s'est légèrement planté, le congélateur est encore plein et les coffres aussi. Vous me direz, il vaut mieux ça que l'inverse.

 

Notre dernière journée devrait être consacrée au rangement et au ménage du bateau mais l'envie n'y est pas … Est-ce déjà la nostalgie de voir cette première étape de notre  « formidable aventure » prendre fin ??????? ou  alors simplement notre fatigue après 14 jours de mer ?????

 

A l’approche des côtes, nous avons notre comité d’accueil habituel, nos copains dauphins, ils sont de plus en plus gros !

 

 

J 14

 

Après 13 jours et 14 heures et 25 minutes nous voilà encrés dans la baie de Carlisle à la Barbade. Et devinez la première chose qu'on a faite ????? On s'est jeté dans l'eau à ...30°.

Ça fait des partie des choses qui nous ont manquées pendant ces 2 semaines.

 

Une nouvelle page commence

 

 

A bientôt sur terre

 

La famille Tépacap qui fait partie à présent de « ceux qui l'on fait »

 

Ps : Désolé pour le problème de balise, nous espérons que personne ne s'est inquiété !!!! C'est con, on l'avait surtout prise pour la transat.  Faut dire que nous, ça ne nous a pas beaucoup gêné.

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